Un nouveau modèle de développement : Pour les seniors ou pour la génération future ?





Un nouveau : SM le Roi “notre modèle de développement qui s’avère aujourd’hui inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale”

Un modèle est un exemplaire à suivre du fait de sa perfection.
Un modèle est également un schéma théorique d’un système ou d’une réalité complexe

Le développement consiste à augmenter ou à accroître quelque chose de nature physique, intellectuelle ou morale.
Si le concept de développement est appliqué à une réalité humaine, il désigne alors le progrès économique, social, culturel ou politique.

Question que tout le monde se pose : Avions-nous , ces dernières années , un modèle de développement pour affirmer aujourd’hui qu’il est caduc ou ayant atteint ses limites ?

A moins d'être nihiliste , la réponse est certainement oui

Aujourd'hui , nous sommes à la veille d’atteindre un PIB de 120 Milliards US $ sachant qu’en 2000 celui-ci n'était que de 38,86 Milliards US $ .Un triplement en 17 ans. Le modèle de développement économique qui nous a permis ce triplement du PIB était basé essentiellement sur l’augmentation de la consommation des ménages et l’investissement dans les infrastructures de base ou pour le dire comme le HCP :

Le Maroc a mis en œuvre une politique budgétaire expansionniste bénéficiant de l’aisance financière et d’un dynamisme de la demande intérieure avant l’avènement de la crise financière internationale

Aussi dès 2012 , ce même institut Marocain recommandait une nouvelle génération de réformes qui devraient lui permettre d’assainir ses finances publiques, de moduler les programmes et les plannings de ses investissements publics, de rompre avec l’économie et les situations de rente au profit d’une meilleure mobilisation de l’épargne et de l’investissement productif et de mettre ainsi en cohérence son modèle de consommation avec ses réalités économiques.*

Quel modèle de développement ?

Il n’existe nullement un modèle de développement idéal ni “prêt à porter”

On ne peut ni importer ni exporter un modèle de développement !

Les déterminants les plus importants d’un plan de développement économique et social d’un pays sont

1. Le territoire et la géographie
2. La population ou les ressources humaines
3. Le système politique et l'élite du pays
4. Les ressources naturelles
5. Les indicateurs de développement humain
6. Capitalisation sur le modèle de développement précédent

Pour ces raisons , un modèle de développement est toujours spécifique à chaque pays sachant que l’approche benchmarking n’est nullement à écarter afin de repérer des modèles de réussite spécifique tel que celui de l’enseignement primaire et secondaire en Norvège par exemple.

Le modèle de développement ne saurait être uniforme pour un pays comme le Maroc .

Quelque que soit le modèle qui pourrait être retenu , il ne se traduira pas nécessairement de la même façon sur :

● Casablanca comme mégapole mondialisée
● Les grandes villes de plus de 100.000
● Les espaces périurbain des villes
● Les façades maritime
● Les écosystèmes autour des grands projets structurant
● Le monde rural

Il faudra bien en assurer la cohérence et la convergence dans une approche à la carte dans le cadre d’une stratégie d’aménagement du territoire tenant compte de la vision de régionalisation avancée choisie par le Maroc

Ce mixte doit se traduire dans la conception , la démarche , l’approche et la finalisation pour en assurer les meilleures conditions de réussite

Sachant que le noyau nucléaire de tout modèle de développement demeure

- Le capital (matériel et immatériel) disponible et mobilisable (Epargne , dette et investissement étranger) mais limité par nature
- Le travail (salaires , productivité et formation)
- Une répartition des richesse créés clarifiée

Quelque soit le modèle de développement , il se résumera toujours à

Comment créer plus de richesse et à comment mieux la répartir pendant une période donnée


Eviter le réflexe confortable de l’inventaire et le confort du tout ou rien il y a lieu de prioriser et hiérarchiser les stratégies socio-économiques et fiscales intégrées et convergentes dans le cadre d’horizons objectifs à la portée de notre économie.

Ce nouveau modèle de développement ne fera pas l'économie d’une nouvelle génération de réformes politiques (mutations institutionnelles) et économiques (moins de rente) nécessitants un nouveau contrat politique et social au niveau national

La nouvelle problématique d’un nouveau modèle de développement

Dans le cadre d’un monde en mutation rapide de grands axes d'évolution se dessinent :

● L'accentuation et la radicalisation de la mondialisation
● La montée en puissance de nouveaux États
● Les nouveaux défis posés à la gouvernance
● L'extension de l'insécurité
● Le changement climatique
● La révolution technologique sans commune mesure avec les précédentes

Dans cet environnement , deux options fondamentales s’offrent à nous dans l’objectif de devenir un pays émergent

1- Modèle de développement de rattrapage
2- Modèle de développement d’anticipation


1- Modèle de développement de rattrapage

L’idée principale est de faire ce qu’on aurait du faire avant . Soit un modèle de développement pour les seniors

2- Modèle de développement d’anticipation

S’il s’agit par contre , comme le souligne SM le ROI d’un modèle de développement pour la jeunesse marocaine de demain ; alors il y a nécessité de réfléchir non pas de façon linéaire mais par une la philosophie du changement de palier.

Le monde de demain sera un monde non seulement hyper connecté mais augmenté et probablement dès 2035 quantique :

● Transhumanisme
● Intelligence Artificielle
● Big Data
● Objets connectés
● Nanotechnologies
● Neurosciences
● Superintelligence,
● Bioprinting 3D
● NBIC

Aussi , ni le capital ni le travail ne seront de même nature dans cet environnement dans lequel ces diverses technologies d’amélioration humaine auront un impact sur la race humaine.

A nous et à vous de choisir !

Un large débat démocratique doit s’ouvrir dans notre pays afin d’arriver à un consensus national basé sur une vision prospective de l’intérêt national et une adhésion collective à un modèle de développement où les charges et les fruits de la croissance sont répartis d’une manière équitable.

Ce large débat doit s’inscrire dans la même démarche que celle pratiquée lors de la nouvelle constitution , la régionalisation ou celle de la réforme de l’enseignement

Et même si un modèle de développement est d’abord des choix politiques , il serait plus adéquat de débloquer des budgets spécifiques aux partis représentés au parlement pour leur permettre se faire accompagner par les experts de leurs choix (BET , appel d’offres ,Cour des comptes) afin d'être à la hauteur des enjeux et la commande Royale.

Pour conclure , tous les pays sont en permanence à la recherche d’une modèle de développement et ce n’est que lorsqu’un consensus national largement majoritaire se dégage que sa déclinaison en plans sectoriels régionalisés dans le cadre d’une planification stratégique est étamé par une majorité politique en phase avec ses objectifs et ses différentes séquences

*Le budget économique exploratoire pour l’année 2013

Par Adnane Benchakroun Vice-président de l’Alliance des économistes PI (2018)
Membre du Conseil National du PI